vendredi 16 mai 2008

Le docteur maître en politique

(Polichinelle)
On dit l'oisiveté mère de tous les vices
Que n'en dit-on autant du travail à l'office !
Domestiques zélés, vous vous plaignez à tort.
Dites-vous que c'est vous qui forgez votre sort,
Et que si pour survivre, il vous faut quelque emploi,
Le meilleur est encore le plus léger qu'il soit.
Je me satisferais d'un monde sans affaires
Et j'aime à occuper mon temps à ne rien faire.

(Le docteur)
Tel que je le vois ainsi, je pourrais parier

Que cet individu vient me contrarier

Ah qu'il est doux et bon de flâner dans le soir !
Mais voilà ce poseur, qui affirme savoir
Ce dont tout honnête homme devrait s'enorgueillir
D'avoir en son bagage et de pouvoir sentir.
On l'appelle docteur et la chose le flatte.
On ne sait pas en quoi, peut-être en science plate
En Droit des limaçons, en médecine vaine.
Il faut lui demander, voyons ce qui l'amène.
Cher docteur, le bonjour, vous qui comprenez tout
De quelle étude en cours vous préoccupez-vous ?

Ce bon Polichinelle ! J'ignorais ta présence
Tant tu te pares bien de douce transparence.
J'étudie les puissants, les maîtres de ce monde,
J'aime en analyser la nature profonde
Je donne mes avis, et vends la clairvoyance,
Pour le bienfait de tous, de mon intelligence.

Peut-être, grand docteur, connaissez-vous alors
Celui que tant de gens chérissaient comme l'or,
Il avait suscité un vent d'approbation
De la moitié, au moins de la population.
En son temps il faisait figure de héros

Je le connais fort bien. Il est près de zéro.

Qui devait apporter richesse et opulence
Même aux plus miséreux, et redresser la France.
Mais avant, méditer dans une sobre retraite.

C'est ainsi qu'il surnomme les soirées au Fouquet's
Suivies de canotage à quelques lieues des côtes,
Le séant reposé à bord de quelque yacht.
Et quant au renflouement des petits bas de laine
Il haussé d'un coup ce qu'on paie pour sa peine.
Exhortant le bas monde à travailler toujours,
Il ne remplace pas les retraités du jour.

Il voulait redonner, sa place à l'ouvrier,
Il fustige l'oisif qui n'est pas salarié.

Se disait héritier de Blum, et de Jaurès.

Il ne fait qu'un seul mot de chomâge et paresse.
Et ne regrette pas d'appliquer, diligent,
Son dicton favori, l'argent va à l'argent
En préservant le riche d'une contribution lourde
Je sais qu'il prête aux pauvres…
Quoi ?
Une oreille sourde !


Il se déclarait prêt à sauver les otages
Dans les jungles touffues infestées de sauvages.
Terrible et menaçant, des ergots à la crête.

Il envoie un avion qui revient sans son fret.
Mais a touché au but : on a parlé de lui,
Puis change de sujet, car il faut que s'oublient
Le précédent échec, les bourdes du passé
Comme l'appartement acquis à prix cassé
Alors qu'il dirigeait le bourg qui l'a vu naitre.
Et les promptes enquêtes, quand il était le maître
Des argousins serviles, pour son seul bénéfice,
Ou bien pour retrouver, le scooter de son fils.

Les amalgames faits entre gens des cités
Et la racaille qu'il voulait karchériser.

Il arborait bien haut la flamme humanitaire
Et la protection des œuvres de la Terre.

Mais l'olympique flamme a voulu qu'il s'incline
Face à l'œil irrité du maître de la Chine
Puis il s'est empressé de graver dans le Droit
Ce que les semenciers lui indiquaient du doigt.

Je vois que tu me suis, serions-nous d'accord ?

Bien qu'étant imposteur, ce docteur n'a pas tort !
On le décrit toujours assez vibrionnant.
Ne considérez-vous pas cet homme étonnant ?

On l'a vu agité, agressif et vulgaire
Voilà ce qui m'étonne pour un homme aux affaires.

Ah docteur, je vous aime. Je vous pensais idiot

Mon bon Polichinelle, je te tenais pour sot,
Je m'attendais à ce que tu me contredises.

J'ai cette sale manie. C'est un feu que j'attise
Pour réchauffer les cœurs, éveiller les esprits.
Mais pour ce que vous dites, je n'ai aucun mépris.